Comme je m'apprête à vivre mon 88e Noël, je veux dédier cet article particulièrement aux jeunes qui sont heureux à Noël de façon à leur faire voir un peu la différence entre les années 1920-1930 et les années 2000. Je vais vous parler de mes Noël à moi, car je n'ai pas vécu ceux des autres. Comme pour les enfants de tous les temps, Noël était une fête de joie et c'était la fête du « ptit Jésus ». La messe de minuit était pour nous une féerie. Nous étions fiers de partir en pleine nuit bien emmitouflés dans les peaux de carriole et, au son des grelots, on se rendait à l'église toute illuminée avec des lampes à l'huile ou à gaz. On n'avait pas les yeux assez grands pour tout voir. La cérémonie commençait par le « Minuit chrétiens » et la messe suivait en latin; on n'y comprenait pas grand chose, mais c'était beau. La deuxième messe, celle qu'on appelait « de l'aurore », était plus courte mais remplie de chants en français. Au retour, nous nous endormions parfois au son des grelots qui nous rythmaient des airs de Noël. De retour à la maison, c'était le réveillon et on se couchait tout joyeux. Chez nous, c'était au Jour de l'an qu'on recevait notre cadeau. Nous rendions nos bas et on avait bien hâte d'y découvrir de belles surprises. Le matin, on n'était pas durs à réveiller : Ah merveille! notre bas était tout rond et contenait toujours des "peanuts en écale", une poignée de bonbons français, quelques chocolats, une grosse orange et une belle pomme comme j'en n'ai jamais vue ailleurs. Je me souviens de ma première poupée : elle était belle avec des beaux cheveux frisés, mais... elle était en porcelaine, ce qui fait qu'elle n'a pas vécu longtemps : deux jours à peine. Elle est décédée d'une fracture du crâne, des jambes et du bassin je crois et j'ai eu bien de la peine. Au jour de l'An, on allait chez grand-père; il y avait la bénédiction solennelle de toute la famille agenouillée devant le cher aïeul : les oncles et tantes, les cousins et cousines qu'on chicanait parfois. Aujourd'hui, comme je demeure dans un foyer avec des compagnons et compagnes plus ou moins âgés, Noël a pour moi la même signification mais se passe de façon différente. Nos joies sont de revoir nos enfants, pour ceux qui en ont mais des moments d'ennui pour ceux qui n'ont pas de visite. Nous avons tous de petites attentions et, comme autrefois, nous vivons beaucoup d'émotions en regardant la belle crèche montée dans le salon de la maison; c'est encore Noël... À vous tous, jeunes et moins, nous souhaitons une fête où l'amour et la paix seront de la partie.

Joyeux Noël

 

Tante Cécile