Voici le texte paru dans l’édition numéro 37 du 15 février 2002. Je reprends le texte car le Père Poly figure parmi les premiers défricheurs de notre paroisse.

Hippolyte surnommé Polycarpe, naquit le 5 septembre 1844 du mariage légitime de Hippolyte Lepage et de Henriette Michaud. Lorsqu’il arriva sur le lot no 20 au cinquième rang du canton, le territoire qu’occupe aujourd’hui St-Narcisse, était l’immense forêt vierge. Poly, comme l’appelait tout le monde, s’aventura dans le bois à pied, portageant sur son dos, provisions, ustensiles de cuisine, outils, grains de semence, etc

Brave, parce que seul, il résolut de se tailler un domaine et en septembre 1869, il fit, dans les limites futures de notre paroisse, le premier abattis. De temps à autre, il retournait chez son père au troisième rang de Rimouski; ce manège dura jusqu’au 7 janvier 1886, jour où déjà vieux garçon, il épousait Caroline Ross, décédée le 25 novembre 1921, à l’âge de 54 ans.

L’heureux ménage vint habiter, en juillet 1886, un camp bâti à peu de frais sur ledit lot. Ils étaient pauvres, mais la Providence fécondant leur travail, ils vécurent et élevèrent sur leur terre une famille de 15 enfants, dont sept survivent. De ses enfants, 2 ont vécu à Saint-Narcisse : Polydore, né le 16 juillet 1901, marié à Marie-Louise-Élizabeth Gagné le 1er septembre 1926 et décédé le 12 janvier 1992. Hormidas, né le 28 septembre 1904, marié à Alphéda Lavoie le 25 août 1926 et décédé le 3 septembre 1989. Son épouse Alphéda Lavoie-Lepage a vécu au HLM jusqu’au 30 décembre 2001. Après un séjour à l’hôpital, elle est installée au Domaine de la Marguerite depuis le 11 février 2002. Elle décède le 20 avril 2005 quinze jours avant de célébrer ses 93 ans.

Deux choses dans la vie du père Poly méritent d’être signalées : la contemplation des vérités religieuses à laquelle il se livrait et son courage. Armé d’une mémoire prodigieuse, sans aucune instruction, ne sachant pas même signer son nom, il vous citait, au besoin, les textes de la Bible et en tirait des conclusions pratiques et propres à faire réfléchir ses auditeurs. Quand le curé Lavoie lui demandait où il prenait tout ça, il se plaisait à lui répondre : "Monsieur le curé, le Bon Dieu m’a fait don d’une intelligence pour apprendre. Je n’ai jamais dormi pendant les sermons et c’est là que je me suis instruit."

Même affaibli par la maladie, durant le carême, par principe, le malade qui ne voulait jamais avoir les médecins, ne prit qu’un seul repas par jour et le dimanche de la passion, faisait «ses pâques» à l’église offrant l’illusion d’un mort en vacances. Cette longue existence se résume comme suit : Hippolyte eut le plus profond respect pour la parole de Dieu. Toujours content de son sort, il fit le moins possible parler de lui, comme homme d’affaires, ni autrement. Il fut l’ami de tous ses concitoyens, pratiquant les vertus de pauvreté, tempérance et humilité. Sa mort douce et simple comme sa vie, l’a rendu cher à Dieu et aux hommes.

Pierret

Source : Homélie de L.J. Lavoie ptre curé Funérailles de Hippolyte Lepage St-Narcisse 8 avril 1926