La famille de monsieur Honorius Duchesne a voulu compléter l'article de l'hommage aux bâtisseurs paru dans notre édition de novembre. Né à Sainte-Blandine, quand il fut en âge de travailler, il aida son père. Un peu plus vieux, durant l'été, il travailla à un moulin à scie, aussi pour un camionneur et un autre été à une fromagerie. À l'hiver, il alla dans les chantiers de la Compagnie Price. C'est en revenant chez lui pour les Fêtes qu'il eut la lettre lui demandant d'aller au camp militaire; il n'était pas question pour lui d'y aller. Il n'avait pas d'autre choix que de se cacher durant huit mois. Comme ceux qui étaient propriétaires de terre pouvaient avoir leur exemption de l'armée, c'est à ce moment qu'il acheta de monsieur Patrice Poirier les lots 31 et 32 du chemin Taché, lots qui comptaient 13 âcres en culture. Durant l'été, il débroussaillait la terre parce qu'il faut dire que ces lots et tout le rang avaient brûlés par un grand feu; il n'y avait plus de gros bois sur ces lots. L'été, il travaillait à défricher avec un de ses frères et l'hiver, il allait dans les chantiers de la Côte-Nord pour pouvoir gagner de l'argent afin d'améliorer les bâtiments et acheter les principaux instruments. Ce fut sa vie durant 4 ans. C'est en 1947 qu'il se maria et il fallait bien continuer de défricher pour pouvoir vivre sur ses lots. Il était en mesure de garder 5 vaches et 1 cheval. L'agrandissement des bâtiments s'imposait aussi. Il s'acheta un tracteur à chenilles; quoique petit, ça l'aidait beaucoup. Le lait se portait en voiture au village 3 fois semaine ce qui demandait du temps; c'est alors qu'il s'acheta un «pick up» qui l'avantagea beaucoup aussi pour aller faire moudre son grain au village. Il acheta les terres qui étaient à vendre dans son voisinage; il les améliorait tout en continuant de défricher, moi je travaillais avec mon père et toute la famille participait à l'occasion. Les agronomes appréciaient le progrès qu'il faisait, le conseillaient et lui amenaient aussi des visites de ferme , soit des groupes de cultivateurs, des herboristes, et, en deux fois, des groupes d'étudiants de France et même le Président du Maroc. C'est en 1974 qu'il m'associa à la ferme ainsi que Robert, mon frère. La ferme à ce moment gardait 70 vaches à lait en plus des génisses de remplacement. L'entreprise continua de progresser. Il se retira de la ferme en 1979 et Michel, son fils, le remplaça. Il avait acquis en 1975 deux lots qui ont été son passe-temps. Il aimait travailler mais aimait aussi le plaisir. Il a fait différents voyages, a suivi des cours de danse; c'était pour lui un plaisir. Il a fêté son 40e anniversaire de mariage ainsi que le 50e et le 60e entouré de toute sa famille. Aujourd'hui, il jouit d'une retraite paisible et bien méritée.