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La signification de ces mots a quelque peu changé depuis un certain nombre d'années. Le carnaval, par exemple, signifiait au début, la période qui durait de l'Épiphanie (les Rois) jusqu'au carême. C'était une période de réjouissances, de gros repas, de bals, de défilés, etc. etc. ... Les carnavals de Nice en France, de Venise en Italie et de Rio au Brésil sont encore très populaires. Le dernier jour du carnaval est le Mardi gras, ainsi appelé parce qu'on pouvait y faire bombance et manger gras à volonté avant le carême. Ça tournait parfois en orgies. Au Mardi gras, quand j'étais jeune, les gens prenaient plaisir à se déguiser et aller visiter les voisins et surtout à ne pas se faire reconnaître. Ordinairement, ils étaient bien accueillis : sucre à la crème, bonbons et petite bière étaient à l'honneur. Certaines personnes, surtout les enfants avaient peur, car les masques et les costumes étaient souvent terrifiants. On m'a raconté que dans certains cantons, les "jeunesses" profitaient du Mardi gras pour se déguiser et aller , sans être reconnus, faire la connaissance des filles des paroisses voisines. S'ils en trouvaient une à leur goût, ils devaient se faire connaître, car, paraît-il, ça finissait parfois par un mariage. Le carême: période de quarante-six jours de privation et d'abstinence entre le Mardi gras et le jour de Pâques pendant laquelle, à l'exception des dimanches, les adultes en bonne santé devaient jeûner et faire pénitence. Certains prenaient la chose tellement au sérieux qu'ils pesaient leur nourriture pour ne pas contrevenir aux lois. Avec un tel régime, on n'engraissait pas et si on rencontrait quelqu'un qui était pâle, on allait jusqu'à dire qu'il avait une face de carême. Cependant, il y avait une pause à cette période de privations car, le jeudi de la 3e semaine du carême, on se permettait de petites réjouissances et c'était la parade des déguisements qui recommençait. C'était la Mi-Carême; aussi populaire dans ce temps-là que l'est l'Halloween aujourd'hui. Il y a au Québec un endroit où la Mi-Carême est encore fêtée en grand, c'est à l'Île aux Grues, près de Montmagny. On fête entre voisins et co-paroissiens; c'est un peu une marque de commerce. Les cultivateurs de l'île opèrent une fromagerie et ils ont baptisé leur nouveau fromage: La Mi-Carême, car ils veulent qu'il soit représentatif de la région. Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces sujets, parlez-en à vos grands-parents, ils vous raconteront sûrement des anecdotes qui vous intéresseront. Autrefois, le carême finissait à midi le Samedi saint et nous, les enfants, étions donc contents d'être enfin rendus à Pâques! Pourtant dans ce temps-là les chocolats étaient rares. Les privations du carême devaient être salutaires, car elles n'ont jamais fait mourir personne. Aujourd'hui le jeûne est limité à deux jours du carême : le mercredi des Cendres et le Vendredi saint. Nous pouvons quand même faire notre carême d'une autre façon, par des aumônes, en partageant avec les plus démunis des nôtres et en aidant les pays sous-développés. C'est une bonne façon de se préparer à Pâques et ça ne nous fera probablement pas mourir non plus.

 

Tante Cécile