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Quand on a vécu trois quarts de siècle d'âge, est-ce logique de parler d'avenir? Quand la maladie et les infirmités s'acharnent à déformer notre corps, ralentir nos pas, écourter notre sommeil et à rallonger nos nuits, ne sommes-nous pas plutôt enclins à regretter le "bon vieux temps" et à ne plus rien espérer pour l'avenir? Tiens, me voilà en train de moudre des idées noires. Il m'arrive à moi aussi, de me rappeler avec nostalgie "le bon vieux temps", comme on le dit souvent. Cependant, vous ne me ferez jamais admettre que c'était toujours le bon vieux temps. Entre hier et aujourd'hui il y a beaucoup de changements; il y a des choses qui se sont améliorées et c'est tant mieux. Les méthodes de travail ont changé, les travaux sont moins lourds physiquement. Bravo! Les communications ont tellement évolué que le bout du monde est maintenant à côté et nous vivons dans une société de consommation où la publicité trouve bien des moyens pour essayer de nous prouver que si on n'a pas tel ou tel gadget, on ne peut pas être heureux. L'échelle des valeurs s'est tellement déplacée souvent qu'il est très difficile de s'y retrouver. Nos ancêtres ont travaillé dur. Les travaux qu'ils ont accomplis, les métiers qu'ils ont exercés avec amour et fierté, les paroisses qu'ils ont bâties en défrichant d'abord pour y construire leur maison, leur église et les écoles, tout ça n'a pas perdu de sa valeur; ça fait partie de notre histoire, de notre patrimoine. Pourquoi, nous du troisième âge, ne ferions-nous pas un effort pour faire mieux connaître à nos jeunes cette petite histoire de notre région. Ce serait une façon très agréable pour faire un lien entre "notre temps" et le leur. En s'entendant avec le directeur de l'école ou du centre culturel, nous pourrions monter de beaux ateliers sur les métiers d'autrefois. Il y a aujourd'hui des clubs de petits débrouillards, mais il y eu depuis les débuts de notre pays des grands débrouillards et des femmes qui ont réussi des miracles d'ingéniosité pour la survie de leur famille. Ce serait dommage de ne pas faire connaître aux générations futures quelques notions sur ces métiers artisanaux qui ont été à la base de la vie de nos anciens: tannerie, fabrication de raquettes, mocassins, savon domestique, cardage et filage de la laine, etc., etc. Ça ne servira plus de la même façon, mais c'est une partie de notre histoire; et l'histoire, à quoi ça sert sinon à se souvenir et à ancrer nos racines? Et on pourrait aussi regarder du côté des valeurs morales de nos ancêtres: l'entraide, les échanges de temps par les corvées ou autrement, l'économie, la prévoyance, la collaboration, la solidarité, la persévérance et la fierté d'avoir bâti quelque chose ensemble. Fierté, solidarité, persévérance égalent presque toujours réussite. Essayons de pratiquer ces trois valeurs et de les transmettre à nos descendants. Elles seront toujours essentielles pour l'obtention d'un peuple fort et solide à tous points de vue.

 

Tante Cécile