Ce mois-ci, nous replongeons dans le passé, au tout début de la colonisation. En effet, dans sa publication de l’automne 2014, la revue «L’estuaire généalogique» relate l’inauguration et la bénédiction d’une école-chapelle le jeudi 28 octobre 1915.

Voici quelques extraits tirés du journal «Le Progrès du Golfe», 29 octobre 1915 :

(…) Saint-Narcisse est une dépendance de la paroisse de Sainte-Blandine située dans le canton Macpès, au 5ième rang, à sept milles de l’église paroissiale et à 16 milles de Rimouski. Le sol y est fertile et fécond.

C’est à cet endroit qu’il y a environ trois ans, Émile Gagnon, fils de Hubert de la paroisse de Rimouski, alla construire un moulin à scier qui devait rendre d’immenses services aux quelques pionniers déjà établis dans le canton. Cette scierie est considérable et de son succès, l’on peut dire qu’est surgi tout le développement de la localité, où M. Gagnon alla bientôt se fixer définitivement avec sa famille. (…) Ce petit regroupement de défricheurs augmenta vite et dans une proportion vraiment considérable au point que Mgr l’Évêque de Rimouski décida d’ériger là une mission qui reçut, il y a près d’un an, en décembre 1914, le nom de Saint-Narcisse en l’honneur du Révérend Narcisse Rioux, son premier desservant.

On compte aujourd’hui à Saint-Narcisse trente familles de colons établis sur d’excellen-tes terres, très fertiles et très productives. Du mois de novembre au mois de mai, c’est-à-dire pendant la période de fonctionnement de la scierie, où les colons partent pour le bois, une trentaine d’hommes d’autres paroisses viennent accroître passagèrement la population de la petite colonie.

Le développement rapide de la jeune mission nécessita bientôt l’érection d’une nouvelle école-chapelle, plus vaste et plus convenable. Elle a été construite récemment, et c’est elle qui, avant d’être affectée au culte et à l’enseignement, vient de donner lieu à la grande fête du 28 octobre qui fut rehaussée par la présence d’un grand nombre d’amis de la colonisation venus de l’extérieur avec empressement.

L’inauguration de l’école-chapelle de Saint-Narcisse eut lieu en présence de tous les colons et de plusieurs personnalités officielles de Rimouski.(…)

Une superbe cavalerie composée des jeunes gens de la mission qui, montés sur de magnifiques chevaux élégamment harnachés, précédait la voiture de Mgr François-Xavier Ross, Vicaire général du diocèse de Rimouski accompagné de M. le curé de Sainte-Blandine. La messe fut chantée par le Révérend Narcisse Rioux. Le chant fut rendu par quelques chantres de la mission, Alfred Lévesque- Jean-Baptiste Bélanger et Pierre Poirier, auxquels se joignent quelques personnes de Rimouski. Gaudiose Plourde, sacristain, agissait comme maître des cérémonies. Le député provincial, Auguste-Marie Tessier, prononça une courte allocution.

Après la cérémonie, il y eut un grand banquet à la demeure de M.et Mme Gagnon. Le menu était aussi abondant que délicieux. Quelques orateurs prirent la parole dont Mgr Ross, le député Tessier, J-Eudore Couture, notaire et directeur du Progrès du Golfe, S. Vachon, pro-maire de Rimouski et président de la Chambre de commerce, J.-C. Gauvreau, détective de Rimouski et le curé Rioux. Enfin, Gaudiose Plourde, un colon fort spirituel qui est le «boute-en-train» du canton, exposa les besoins et les revendications de la jeune mission.

Le reste de la journée se passa dans la gaieté à la demeure des Gagnon où les invités prirent part à un nouveau régal pour le souper. En soirée, à 8 h, une séance récréative donnée par les jeunes gens de Saint-Narcisse, sous la direction de M. Plourde, comportait comédies, chants et danses. Deux rimouskois se joignent aux artistes locaux : Émile Bérubé exécuta plusieurs danses des plus originales, déclama et chanta plusieurs morceaux comiques et Alphonse Couillard dérida l’auditoire par quelques chansonnettes désopilantes. Cette superbe journée se termine par une fort belle soirée au camp des Gagnon où l’on s’amuse à la canadienne jusqu’aux petites heures du matin.

Après un sommeil réparateur, les invités repartent, vendredi matin, en emportant le meilleur souvenir de leur cordiale, généreuse et affable hospitalité.